L’INTRA-PEINTURE DE NORG
L’ordinaire simplicité, fort heureusement, n’est pas son fort. Norg aime le non-dit, l’inextricable et le décalé. Les matières utilisées sont multiples, les techniques inventives, et leur prodigieux assemblage est si hasardeux et déroutant qu’il semble venir d’un autre monde où les normes culturelles seraient du côté de l’impensable.
Des territoires de technologie fantasmée entourent de bizarroïdes surgissements vaguement corporels, dynamiques et verticaux. Il n’y a guère de repères dans le monde libertaire, saisissant et décapant de Norg. Le regard s’aventure à vif dans ce voyage en incertitude. Des paysages évidés et lunaires débarrassent du trop-plein des évidences.
D’étranges et insaisissables totems côtoient d’improbables talismans, tant cet art incroyablement pluriel et personnel paraît chargé d’intime magie agissante. Mais les clés ont disparu. Le graphisme est tonique et ludique, comme si le plaisir du chaos pouvait en finir avec l’ordre étouffé des choses.
Mais le monde Norg s’organise au sein de ce chaos porteur de vie et de non-sens. Norg se moque et se moquera de l’ordre et du désordre jusqu’à la fin des temps. Il crée à hautes doses de l’oxygène mental, et la déroute intello est si jouissive qu’elle oblige le regard dessalé à se nourrir d’énigme et de surprise.
Si l’éclat est l’alphabet de base de cet extra-terrestre dans son intra-peinture, la transparence, jusqu’au malaise, ajoute au mystère qui s’impose. Elle n’éclaire pas, mais elle permet d’entrer dans un no man’s land miraculeux où des cellules humaines seraient fusionnées à de fines machineries robotisées. La forme et l’informe ne feraient qu’un pour fabriquer un monde ironique, scabreux et lunaire.
Norg s’ouvre joliment au hors-sens, le seul au fond qui fasse vivre les vraies créations. Et la chromatique, allusive et fragile, est d’une indicible finesse.
Christian Noorbergen – Critique d’art
BAISERS D’ENTITÉ VITALES
Bouleverser les codes établis, Norg sait très bien faire, d’autant que la vive profusion est son territoire de création, intense, plurielle et plus qu’audacieuse. II ne cesse de s’ouvrir aux possibles de l’altérité et d’éclairer les frontières intérieures. Il les transgresse vitalement du dedans, et ses créations s’arrachent à la création. Art singulier de haute tension. Art de rédemption ! Oxygène mental assuré ! L’art toujours en crue de Norg pose des repères de fête sur les repoussoirs de l’interdit. Il incise le réel et les possibles robots du futur s’incarnent chamellement dans d’improbables et prodigieux échanges amoureux. Ses “Baisers “font remèdes aux affres fatiguées de la modernité et sacralisent l’inépuisable incandescence de la vie. Norg invente ainsi un seuil où humanité s’installe au vrai. Dans sa matière peinte fouillée de partout, i brûle sans fin l’étendue. Il met en scène les énergies profondes qui couvent derrière les apparences visagières.
Ses entités deviennent familères. Elles s’étreignent, mi-humaines, mi-robotisées, visages et corps amalgamés. Elles sont lourdes d’effusions féériques, incongrues, un rien scabreuses, et toujours fulgurantes. Norg ne craint pas l’exacerbation des formes. Ses créations habitées sont autonomes, étrangement archaïques et intemporelles, avec quelque chose de hiératique et de puissant tant il convoque les références d’anciennes cultures qui disent encore l’âme du monde. Chez lui, ses êtres à la fois primordiaux et post-modernes savent faire couple. Le désir rode plus qu’ailleurs, des torsions de chair s’affairent, et font souvent l’unité chaleureuse et suprême de la vie. Elles règnent au sein d’un Éros festif, tant ses entités nouées sont nées de torsions, d’emmêlements, d’abandons, d’enfouissements et d’extases.
Christian Noorbergen – Critique d’art
TEXTE DE LA GALERIE LE REZ-DE-CHAUSSÉE
Norg est nantais et présente son travail depuis 1997. Autodidacte, il s’est forgé une culture artistique et philosophique grâce à une boulimie de lectures, des rencontres et surtout la présence bienveillante d’un pygmalion. Le Savoir a éveillé sa conscience, libéré ses démons et ombres intérieurs et lui a permis de se construire.
Norg a appris de nombreux métiers manuels (pâtissier, menuisier, tapissier-décorateur, cuisinier, mécanicien…) ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir une parfaite maîtrise des outils, des matériaux, des techniques et du bricolage, mise au service de ses peintures et sculptures. Il aime mêler toute sorte de matériaux, le plus souvent modestes, des déchets, des objets récupérés, des jouets, des trésors de la nature, qu’il transcende dans ses créations. Les techniques mixtes sont nombreuses (huile, acrylique, encre de chine, mine de plomb, aquarelle « maison », sérigraphie) et donnent des effets en 3 D dans ses œuvres.
Le regard se perd et s’enfonce dans les territoires technologiques et organiques de Norg où tout semble chaos et voyage libertaire. Et pourtant, tout est réfléchi et rationnel. Rien n’est laissé au hasard dans la composition, le choix des couleurs et le dessin. Norg travaille le plus souvent par séries et association d’idées.
Toute sa pensée artistique est basée sur l’équilibre des contraires et l’idée de contraste pour expliquer «la vie » : les tons froids et chauds, les formes rondes et carrées, l’ombre et la lumière, la mécanique et l’organique.
Dans ses dernières toiles, il introduit le concept du « clonage » qui questionne l’identité, le rapport de l’individu au monde et il interroge sur la « liberté » face à la société de consommation.
L’utilisation des 3 couleurs primaires (rouge, jaune, bleu) correspond à un langage, une matrice chargée de sens. Les couleurs sont intenses, lumineuses et porteuses d’énergie.
Le dessin est précis, fouillé et donne à voir des entrelacs organiques qui mêlent des corps humains, animaliers, toujours bizarroïdes semblant venir d’un autre monde.
La composition est construite et organisée en zones horizontales et verticales qui associent des univers urbains et technologiques géométriques et des formes organiques végétales, animales et humaines caractérisées par des courbes et des motifs envoûtants et fantaisistes.
La réflexion qu’il porte sur son travail ne rentre dans aucun mouvement ou courant artistique. Il s’est approprié le terme de post-synthétisme qu’il explique par sa recherche permanente des rapports binaires et l’essence lumineuse cachée pour la rendre visible.
Le résultat est d’une grande expressivité, joyeux, coloré, ludique, esthétique, et philosophique.
NORG’S INTRA-PAINTING
Ordinary simplicity, thankfully, is not his forte. Norg likes the unsaid, the inextricable, and the out of the ordinary. The mediums used are manifold, the techniques inventive, and their prodigious assemblage is so uncertain and disconcerting that he appears to be coming from another world, in which cultural norms are alongside the unthinkable.
Territories of fantastical technology surround outlandish, vaguely corporal, dynamic, and vertical emergences. There are hardly any landmarks in the libertarian, gripping, and corrosive world of Norg. The eye ventures eagerly into this journey of uncertainty. Hollowed and fantastical landscapes clear out overflowed evidences.
Strange and evasive totems border on improbable talismans, to such an extent that this incredibly plural and personal art appears laden with an active and intimate magic. However, the keys have disappeared. The graphics are stimulating and playful, as if the pleasure of chaos could give an end to the suffocating order of things.
But Norg’s world organizes itself within this chaos, bearer of life and nonsense. Norg scoffs and will scoff at order and disorder till the end of times. He creates under high doses of mental oxygen, and the intellectual defeat is so exhilarating that it obliges the desalinated eye to be nourished by enigma and surprise.
If brightness is the basic alphabet for this extra-terrestrial being in his intra-painting, the transparency, all he way up to the discomfort, adds to the mystery that is imposed. It does not elucidate, but allows an entrance into a miraculous no-man’s land where human cells would be merged into fine robotized machineries. The form and the formless would become one in order to « create » an ironic world, scabrous and outlandish.
Norg opens himself up nicely to the nonsensical, the only thing in the end that can bring real creations to life. Colors, allusive and fragile, have an inexplicable finesse.
Christian Noorbergen – Art critic
KISSES OF VITAL ENTITIES
Disrupting established codes, Norg knows how to do it well, especially since vibrant profusion is his creative territory, intense, multifaceted, and more than audacious. He constantly opens himself to the possibilities of otherness and illuminates the inner boundaries. He transcends them vitally from within, and his creations break free from creation. A unique art of high tension. Art of redemption! Assured mental oxygen! Norg’s ever-flowing art sets the marks of celebration on the repellent aspects of the forbidden. He incises reality, and the potential robots of the future incarnate gently in improbable and wondrous love exchanges. His « Kisses » provide remedies for the weary woes of modernity and sanctify the inexhaustible incandescence of life. In this way, Norg invents a threshold where humanity truly resides. In his meticulously painted material, he endlessly burns the expanse. He stages the profound energies that simmer beneath facial appearances.
His entities become familiar. They embrace each other, part-human, part-robotic, faces and bodies amalgamated. They are heavy with fairylike, incongruous, slightly scandalous, and always dazzling effusions. Norg is unafraid of the intensification of forms. His inhabited creations are autonomous, strangely archaic and timeless, with something hieratic and powerful as he invokes references to ancient cultures that still speak the soul of the world. In his work, his beings, both primordial and post-modern, know how to form couples. Desire lingers more than elsewhere, flesh contortions are busy, and often they create the warm and supreme unity of life. They reign within a festive Eros, as his intertwined entities are born of twists, entanglements, abandonments, burials, and ecstasies.
Christian Noorbergen – Critique d’art
TEXT FROM GALLERY « LE REZ-DE-CHAUSSÉE »
Norg is a native of Nantes and has been showcasing his work since 1997. A self-taught artist, he has cultivated an artistic and philosophical culture through voracious reading, encounters, and, most importantly, the benevolent presence of a mentor. Knowledge awakened his consciousness, liberated his inner demons and shadows, and allowed him to build himself. Norg has learned many manual trades (pastry chef, carpenter, upholsterer-decorator, chef, mechanic…) which now enables him to have perfect mastery of tools, materials, techniques, and DIY, all in the service of his paintings and sculptures. He enjoys combining all sorts of materials, often humble ones, such as waste, reclaimed objects, toys, and treasures from nature, which he transcends in his creations. He employs various mixed media techniques (oil, acrylic, India ink, graphite, homemade watercolor, screen printing), creating 3D effects in his works. The gaze gets lost and delves into Norg’s technological and organic territories where everything appears chaotic and libertarian in its journey. However, everything is deliberate and rational. Nothing is left to chance in composition, color selection, and drawing. Norg often works in series and associations of ideas. His artistic philosophy is based on the balance of opposites and the idea of contrast to explain « life »: cool and warm tones, round and square shapes, shadow and light, mechanics and organics. In his recent paintings, he introduces the concept of « cloning, » which questions identity, the individual’s relationship to the world, and prompts reflection on « freedom » in the face of consumer society. The use of the three primary colors (red, yellow, blue) corresponds to a language, a meaningful matrix. The colors are intense, luminous, and full of energy. The drawing is precise and detailed, revealing organic interweavings that merge human and animal bodies, always bizarre and seemingly from another world. The composition is structured and organized into horizontal and vertical zones that combine urban and geometric technological worlds with organic forms of plants, animals, and humans characterized by captivating and whimsical curves and patterns. The reflection on his work does not fit into any artistic movement or school. He has appropriated the term « post-synthetism, » which he explains as his continuous exploration of binary relationships and the hidden luminous essence to make it visible.